D’une année à l’autre. L’Echo a épinglé plusieurs tendances fortes de 2019 qui marqueront aussi 2020.

Dans ce 19/20 il est question de Vlexit, de provoc, de deepfakes, des tweets de Trump et d’appels au changement.

Vlexit

Qu’ont en commun le Brexit, ce divorce politique haut en couleur, et les velléités d’indépendance de la Flandre? Ils partagent plus d’un ressort.

Par Benoit Mathieu & Nicolas Vadot

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Brexit, Vlexit, même combat?

Bien sûr, 2019 ne se résume pas à ce vaudeville. Mais c’est quand même le Brexit qui mérite le titre de feuilleton de l’année, pour avoir tenu en haleine ou lassé ses spectateurs à force d’invraisemblables rebondissements. Une sombre histoire de divorce politique qui devait être réglé en un tournemain, mais vire à l’insoluble fiasco.

Une saga brodée aux fils d’une identité ayant tendance à se recroqueviller et de gros sous qui échapperaient aux uns afin de financer les autres, qui ne le mériteraient pas vraiment.

Tout cela ne manque pas de résonner en Belgique où l’on sait que le séparatisme flamand n’a plus le vent en poupe, faute de supporters. Mais où il s’est partiellement reconverti en un confédéralisme plus présentable, et dont les modalités restent drapées de brouillard.

Alors on a fait le pas, et l’exercice, en compagnie de Vincent Laborderie, politologue à l’UCLouvain, spécialiste des nationalismes régionaux et des séparations d’États. En quoi le Brexit et la volonté d’indépendance de la Flandre – que l’on pourrait nommer “Vlexit” si elle devait un jour se réaliser – se ressemblent-ils? Quels sont leurs ressorts communs?

C’est par ici.

Chapitre 1

Le Brexit, un nationalisme
comme un autre

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  • L’argument - L’affirmation de l’identité n’a rien d’un repli sur soi et constitue la voie à suivre.
  • Les faiblesses - La notion d’identité s’avère souvent moins monolithique que ce que son usage politique en laisse paraître. Et la glorieuse période du passé montée en épingle est parfois un brin fantasmée.

Pour Vincent Laborderie, cela ne fait pas un pli. “Le Brexit est un nationalisme comme un autre.” L’idée sous-jacente étant de vouloir privilégier sa nation, et d’avoir tendance à tout voir, et analyser, via ce prisme.

Avec les limites que cela comporte. Tenez: le nationalisme va souvent de pair avec une forme d’essentialisation du peuple. Mais ne s’agit-il pas d’un mythe? En lieu et place de Britanniques, n’y a-t-il pas plutôt des Anglais, des Écossais, des Gallois et des Irlandais – et encore? Et qui est vraiment le Flamand? Anversois et Limbourgeois se retrouvent-ils forcément dans ce grand sac? La réalité n’est-elle pas infiniment plus complexe?

Il y a, aussi, cette sorte de romantisme nostalgique d’une époque glorieuse révolue, et pourtant présentée comme à portée de main, pour autant que l’on se saisisse de son destin. L’Empire britannique, d’un côté. La Flandre prospère des 17e et 18e siècles, de l’autre. “Au sein du mouvement flamand vit une lecture de l’histoire voulant que le déclin de la Flandre soit lié à l’avènement de la Belgique.” Alors que le marasme économique avait déjà commencé à germer, notamment à cause de la culbute de l’industrie linière.

Not that easy!

Le Brexit, fruit de la fierté des Britanniques?

“Le Brexit est avant tout l’expression d’un nationalisme anglais, souligne Vincent Laborderie. Ce débat était moins vif en Écosse, en Irlande ou au Pays de Galle, ou agaçait même.”

Chapitre 2

Taking back control

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  • L’argument - Reprendre les leviers de pouvoir, c’est s’assurer de contrôler sa destinée.
  • Les faiblesses - Le fait qu’une entité plus petite soit mieux placée sur la carte du monde afin de faire prévaloir ses propres intérêts ne coule pas de source.

Tous les mouvements nationalistes ne courent pas derrière l’indépendance pure et dure; dans certains cas, il s’agit d’arracher davantage d’autonomie. Mais, qu’il s’agisse du Royaume-Uni, de la Catalogne, de la Flandre ou du Pays basque, la philosophie reste la même. À savoir: prendre de la distance, ou se retirer d’un ensemble plus grand.

Avec, en corollaire, la tenue d’un discours insistant sur la nécessité de reprendre le contrôle. Contrôle qui s’est évaporé au profit d’une entité supranationale ou suprarégionale.

Not that easy!

Une fois sorti de l’union douanière et du marché unique, le Royaume-Uni pourra conclure ses propres accords commerciaux comme il l’entend.

Le hic, c’est que s’il veut exporter à destination de l’Union européenne, les règles de celle-ci s’imposeront à lui, alors qu’auparavant, il pouvait contribuer à les façonner. En ce sens, la prise de contrôle peut s’apparenter à un mirage.

Chapitre 3

Récupérer ses sous

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C’est l’argument-choc. Si l’on sort d’un ensemble dont on vilipende le caractère dispendieux, tout cet argent “gaspillé”, on peut le récupérer afin de le consacrer à des matières qui importent réellement. C’est ainsi que le camp du “Leave” a brandi la facture de 350 millions de livres hebdomadaires qui filaient vers l’Europe, au lieu de renflouer les caisses du système de santé. Le tout accompagné d’une promesse: quoi qu’il se passe, l’économie britannique ne s’en porterait pas moins bien.

Sauf que rien de cela ne tenait la route. Les 350 millions? Mensonge. Dans les faits, la facture du Brexit pour les finances publiques britanniques tournerait autour des 50 milliards d’euros. Avec, en sus, un choc économique indubitable.

Détail piquant: la Flandre figure parmi les principales “victimes” économiques du Brexit. “Le Brexit constitue un cas d’école, souligne Vincent Laborderie. Il s’agit de la première séparation dans un contexte de telle interdépendance économique.”

Ah oui. Toute ressemblance avec ce que “coûte” la Belgique à la Flandre serait purement fortuite.

Not that easy!

Le banc nationaliste flamand n’a de cesse de le répéter: le francophone coûte au Flamand. Plus de 11 milliards d’euros par an, calculait, en 2005, la N-VA. Non, 16 milliards, renchérissait le Vlaams Belang dix ans plus tard.

La facture serait en réalité moins salée. L’Iweps et l’économiste Éric Dor, entre autres, se sont penchés sur la question. Ils arrivent à une fourchette de flux interpersonnels allant de 5,6 à 6,4 milliards d’euros. À relativiser. Parce que le vieillissement atténuera ces transferts. Parce qu’ils existent aussi entre provinces: à ce petit jeu, le Limbourg est d’ailleurs bénéficiaire et le Brabant wallon, contributeur. Et parce qu’ils restent inférieurs à ce qui se pratique au sein d’autres pays européens.

Chapitre 4

Une question de démocratie

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  • L’argument - Le niveau de pouvoir dont on entend se séparer ou se distancier ne dispose pas de légitimité démocratique.
  • Les faiblesses - Aux dernières nouvelles, tant l’Union européenne que la Belgique sont dotées d’un parlement élu démocratiquement.

Voilà, après la question financière, l’autre argument favori. Celui du manque de légitimité du niveau de pouvoir que l’on a pris en grippe. Comme cette Union européenne qui impose règles et tracasseries dont les Britanniques ne veulent guère. Comme cet assemblage belge qui pèse à la Flandre. Flandre qui vote ”à droite” mais se voit contrainte de subir une politique fédérale ”de gauche”, fulmine fréquemment Bart De Wever.

“L’idée sous-jacente est que seuls les parlements britannique ou flamand sont légitimes en tant qu’émanations du peuple”, pose Vincent Laborderie. On notera toutefois que la Belgique et l’Europe disposent d’une assemblée démocratiquement constituée. “Oui, mais pas élue par le même peuple.”

Not that easy!

Le gouvernement belge s’impose-t-il à la Flandre? Est-il forcément de gauche?

Jusqu’à preuve du contraire, le gouvernement belge doit être mis en selle par la Chambre, qui est le reflet du rapport de forces issu des urnes. Le fédéralisme belge n’impose pas que l’exécutif dispose d’une majorité dans les deux groupes linguistiques – on a déjà vu des équipages minoritaires au nord, comme au sud. Par ailleurs, il faut remonter à 1999 pour tomber sur un exécutif dont seraient absents les libéraux flamands.

Chapitre 5

Sur le plan international,
retour à la case départ

© Reuters
  • L’argument - L’indépendance, ou l’autonomie, constitueront une avancée pour le citoyen.
  • Les faiblesses - Dans la pratique, rien ne se passe exactement comme prévu.

“Le passage de la théorie à la pratique est douloureux, prévient Vincent Laborderie. On passe d’une situation A, connue, à une situation B, rêvée. Or rien ne se déroule comme prévu. Parce que l’ensemble dans lequel on se trouve règle quantité de problématiques dont on avait oublié jusqu’à l’existence. Comme l’Union européenne, avec son cadre global, avait réglé le cas irlandais.”

Au rayon relations internationales, par exemple, tout est à reconstruire. Un nouvel État part de zéro. En dehors de l’Europe. En dehors de l’Otan. Et doit se faire accepter partout où il entend entrer.

Sans parler des accords commerciaux qui doivent être redéfinis. Et l'on voit mal comment une entité plus petite, pesant donc moins lourd sur la scène mondiale, négociera de meilleures conditions que le navire dont elle vient de débarquer.

Not that easy!

La Belgique est souvent présentée comme une complication par le camp nationaliste flamand.

“Une sortie de la Flandre du cadre belge sera plus complexe que le Brexit, assure Vincent Laborderie. Parce que si l’Union européenne impose un cadre, ce sont les États qui le mettent en œuvre. Or la Flandre ne dispose pas de structures étatiques prêtes à l’emploi. En cela, la sortie d’un État de l’Union est autrement plus aisée que la création d’un nouvel État.”

Chapitre 6

L’os, c’est la frontière

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  • L’argument - La Belgique est composée de deux démocraties.
  • Les faiblesses - Très bien; mais où se situe donc la frontière?

On aurait tort de considérer que l’argent constitue l’unique nerf de la guerre. Parce que la gestion des frontières frappe fort, dans son genre. Prenez la Grande-Bretagne. Une île: a priori, délimiter les frontières ne devrait pas poser de soucis. “Eh bien il se fait que la seule frontière terrestre, en Irlande, pose un solide casse-tête”, relève Vincent Laborderie.

Alors, en cas de Vlexit, on fait comment pour scinder la Belgique? Il y a bien la frontière linguistique, mais que devient Bruxelles? La Flandre est-elle prête à y renoncer? Que fait-on des communes à facilités? Et comment gère-t-on, concrètement, la démarcation fraîchement créée? “En termes d’interdépendance économique, séparer Bruxelles de son hinterland, c’est le cauchemar assuré”, prédit Vincent Laborderie.

Not that easy!

Scindons la Sécu!

L’idée est rabâchée en Flandre. Et sa complexité, allègrement gommée. Rien que la régionalisation des allocations familiales, simple sur le papier, n’a pas été une mince affaire. Mais alors les soins de santé, voilà une belle galère qui s’annonce. “Imaginez une personne habitant la région A, travaillant dans la B et se faisant soigner dans la C”, sourit Vincent Laborderie. Good luck with that!

Choqué.e.s?

Pas une journée sans sa polémique et son buzz. Entre appel à la censure et dénonciation du “politiquement correct”, notre époque vit au rythme des indignations.

Par Simon Brunfaut

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Qui a dit?

Pas un jour sans qu’une polémique éclate sur nos écrans. Souvent, c’est une phrase choc qui allume la mèche. En voici quelques-unes. A votre avis, à qui les doit-on?

Qui a dit? “Un nombre limité (de réfugiés), ça va. Sinon, toute l’Europe deviendra un jour musulmane ou africaine, c’est impossible.”

En juin 2019, dans une interview qu’il a accordée à la BBC, le Dalaï-Lama, chef spirituel des Tibétains et prix Nobel de la paix, s’est exprimé sur le sujet de l’immigration. En 2018, dans une conférence qu’il donnait en Suède, il avait déjà créé la polémique avec des propos très similaires concernant l’immigration.

Qui a dit? ”Quand l’homosexualité se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses.”

En 2018, à un journaliste espagnol qui lui demandait ce qu’il conseillerait à un père à qui le fils confierait son homosexualité, le Pape François a évoqué la “psychiatrie”. S’ensuit une vive polémique sur les réseaux sociaux, à tel point que le Vatican a tenu à préciser la pensée du pape et a fini par retirer le mot de la retranscription de la conférence de presse.

Qui a dit? “Je dis aux hommes: ‘violez les femmes!’ D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs et elle en a marre.”

Dans l'émission "La Grande confrontation", qui avait pour thème "Peut-on tout dire?", l’essayiste Alain Finkielkraut a utilisé le second degré face à la militante féministe Caroline De Haas pour fustiger le “politiquement correct”. Ses propos ont déclenché de nombreuses réactions indignées.

Qui a dit? ”La crise climatique ne concerne pas seulement l’environnement. C’est une crise des droits de l’homme, de la justice et de la volonté politique. Les systèmes coloniaux, racistes et patriarcaux d’oppression l’ont créée et alimentée. Nous devons tous les démanteler.”

Dans une tribune co-signée avec Luisa Neubauer et Angela Valenzuela, et parue dans “Project Syndicate” le 29 novembre, Greta Thunberg s’est exprimée au sujet des causes du réchauffement climatique en mettant en cause, pour la première fois, les “systèmes coloniaux, racistes et patriarcaux”.

Idées

Et vous, qu’est-ce qui vous choque?

Invectives, anathèmes, provocations, insultes, violences sur les plateaux télé et sur les réseaux sociaux sont désormais habituels. Et vous, qu’est-ce qui vous choque? Quel est votre seuil d’indignation?

Enoncé 1

“On ne peut plus rien dire”

Une journée banale débute. Dès le réveil, vous jetez un oeil distrait sur les réseaux sociaux. C’est le troisième post Twitter que vous voyez passer au sujet d’une nouvelle polémique. Peut-être s’agit-il de la sortie d’un acteur célèbre ou du pétage de plomb d’un chanteur? Ou bien, est-ce un politique qui s’est lâché, comme on dit? Vous êtes maintenant arrivé au boulot.

La polémique a déjà enflé; elle ne cessera de grandir au fil de la journée. Les commentaires s’enchaînent à la vitesse de l’algorithme. Les éditorialistes s’en donnent à coeur joie. Peut-être allez-vous aussi vous décider à réagir en choisissant un camp: liker, partager ou même commenter.

Devant votre écran, un peu machinalement, vous vous répétez à vous-même: “On ne peut plus rien dire”. Vous passez en revue les libertés d’hier pour mieux pointer les intolérances et les censeurs d'aujourd'hui. Mais, lorsqu’on dit “on ne peut plus rien dire”, qui est “on” ?

Enoncé 2

“On peut dire tout et n’importe quoi”

À en croire certains, le fléau de la censure généralisée s’est abattu sur nous. Notre époque marquerait-elle la fin d’un âge d’or de la liberté de parole où l’on pouvait “tout dire”?

Ce n’est évidemment qu’une fable. Force est de constater que ceux qui crient à la censure ou à la domination du “politiquement correct” le font souvent sur les plateaux de télé ou ailleurs. Ce que certains qualifient aujourd’hui de “censure” consiste bien souvent dans l’apparition de nouvelles questions, jusqu’alors passées sous silence.

Ce “on” désigne ceux qui ont le droit de parler, et qui ne s’en privent pas. En réalité, ceux qui ne peuvent absolument rien dire ne se font précisément pas entendre. Lors des différents affrontements idéologiques, aussi radicaux soient-ils, les protagonistes oublient trop souvent que leurs échanges attestent d'une liberté de parole indéniable qui, sous d’autres latitudes, fait rêver.

N’est-il pas étonnant de s’indigner de la perte de liberté d’expression à une époque où l’on n’a peut être jamais autant dit tout et n’importe quoi…?

Enoncé 3

“On peut tout dire, mais pas avec n’importe qui”

Le citoyen, désormais connecté, a la sensation que sa voix et son avis ont de l’importance. Grâce aux réseaux sociaux, le quidam peut exprimer ses expériences individuelles et, en plus, les inscrire dans des effets de masse, comme l’a montré le mouvement #Metoo.

À côté de ce pluralisme, dont on peut évidemment se réjouir, on observe, paradoxalement, une polarisation des opinions et une multiplication des réactions épidermiques. On assiste aussi à des falsifications ou des omissions en tout genre lorsqu’il s’agit, par exemple, de citer un opposant. La propension à coller des étiquettes aux uns et aux autres est devenue un jeu permanent.

Ainsi avons-nous nos ennemis et nos messies, de même que nos groupes et nos tribus: nous sommes vegan/anti-vegan, masculiniste/féministe, raciste/multiculturaliste, bobo/réac, etc. L’opinion est aujourd’hui une identité: ce que je pense, je le suis; si on désapprouve mon opinion, on remet en cause mon identité.

Le vrai problème n’est pas que l’on ne puisse plus rien dire à l’heure des réseaux sociaux, mais que notre avis se partage ultra rapidement avec beaucoup plus de monde qu’auparavant. Autrement dit: mon opinion est susceptible de toucher beaucoup plus de gens.

L’apparition de toute une série de sensibilités nouvelles, tels que le refus des discriminations ou l’attention aux minorités, peut faire croire à un rétrécissement de la liberté de parole alors qu’elle n’est, au contraire, que le signe de sa plus grande diversité.

Enoncé 4

“On peut tout dire pourvu qu’il n’y ait pas débat.”

À la raison, nous préférons désormais le sentiment et la réaction. À la controverse, qui est tout à fait saine, nous préférons la polémique (dont l’étymologie rappelle son origine guerrière, puisque “polémos” signifie “guerre” en grec). Le débat est ainsi devenu un immense champ de bataille, avec ses alliés et ses opposants, ses armes et ses stratégies. Il s’agit moins de convaincre avec des arguments que de réduire son adversaire au silence.

Or, on l’oublie, mais débattre implique de prendre le risque de voir notre opinion remise en question tout en nous exposant, par la même occasion, à l’éventualité de devoir changer d'avis. La question n’est donc pas tant de savoir si toutes les opinions sont bonnes à dire mais de savoir si nous voulons réellement les partager.

Car, lorsqu’on dit tout et n’importe quoi, à qui nous adressons-nous en définitive? Le plus souvent, l’autre se réduit à n’être qu’un “follower” ou un opposant que l’on a “bloqué”, à défaut d’être un véritable contradicteur. En réalité, nous ne voulons plus écouter ce que l’autre dit, ni en assumer les conséquences, comme l’a montré la philosophe Marylin Maeso.

À force d’encenser l'idée de débat, on croit qu’il est partout et qu’il suffit d’invoquer son nom pour attester de son existence. C'est sans doute là un paradoxe du monde contemporain: nous mettons en question bon nombre d’évidences, mais nous refusons d’en discuter.

Il est où le débat?

Qu’est-ce qui nous “choque” exactement dans toutes ces phrases? Leur contenu? Les personnes qui les ont dites? Toutes ces phrases que l’on commente à longueur de journée masquent ce qui devrait réellement nous interpeller: l’absence de débat. Le slogan de notre époque ne serait-il pas dans le fond: “polémique partout, débat nulle part”?

Deepfakes 1.0

Les deepfakes, c’est le nouveau visage des fakenews. Ces vidéos truquées hyper réalistes deviennent de véritables armes de désinformation massive.

Par Maxime Samain

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L’an 1 des deepfakes

Bienvenue dans l’ère de l’hypertrucage

Il y a 10 ans, on aurait appelé ça un montage ou un trucage. Mais la vague de fakenews, ces informations manipulées et diffusées largement, est passée par là. On parlera donc de “deepfake”. Un terme issu de la contraction entre “fake”, qui signifie contrefaçon, et “deep learning”, qui qualifie la capacité pour une intelligence artificielle d’apprendre par elle-même.

Pour faire simple, un deepfake, c’est un montage présentant tous les traits et caractéristiques d’une vraie vidéo mais qui a été manipulée, par exemple en utilisant le visage et la voix d’une personnalité publique à qui l’on fait dire ce que l’on veut.

Une manipulation aux conséquences potentiellement désastreuses dans un contexte politique, économique ou démocratique sensible. Au-delà de l’hyper réalisme de la vidéo, c’est sa capacité à toucher un nombre considérable de personnes dans le monde grâce aux réseaux sociaux qui est impressionnante. Le tout, en un temps record. Ce qui en fait une arme extrêmement dangereuse.

L’exemple le plus emblématique met en scène l’ancien président américain, Barack Obama, traitant Donald Trump d’”abruti complet”. Publiée le 17 avril 2018 sur le site américain BuzzFeed, cette vidéo avait pour but de démontrer la dangerosité de ce type de contenu.

Deepfake, la recette du chef

Pour être franc, il faut une certaine expertise technique et un logiciel très performant pour réaliser un deepfake crédible. Ceci dit, les outils se démocratisent, au point que des applications pour smartphone permettent désormais de créer un deepfake en quelques minutes.

Voici les ingrédients essentiels pour réaliser un deepfake:

© goberoi.com
ingrédient n°1

Une base d’images

C’est l'élément essentiel pour ce trucage. Il faut compter environ 10.000 images d’une personnalité pour arriver à modéliser son visage. Pour ce faire, il est possible de décomposer une vidéo en milliers de photos afin d’obtenir une modélisation du faciès sous tous les angles.

ingrédient n°2

Une technologie adaptée

Des centaines de logiciels existent sur le marché et fonctionnent pour la plupart sur la base d’une intelligence artificielle qui va se perfectionner à mesure qu’elle sera alimentée en données. L’objectif est de la rendre capable de reproduire les mouvements d’un visage.

ingrédient n°3

Un geek

Même si les outils se démocratisent, il faudra encore compter sur le savoir-faire d’un pro du développement informatique et de l’image pour comprendre les différentes étapes techniques à suivre. Une alchimie qui reste complexe.

ingrédient n°4

Un réseau de diffusion

Tout l’intérêt et le danger de ces vidéos se situent dans leur potentiel de viralité. Les réseaux sociaux sont de loin les premiers vecteurs de diffusion avec, par ordre de préférence et d’impact, Facebook, WhatsApp, Twitter et Snapchat. Le graal pour un créateur de deepfakes, c’est d’être repris par un média qui a pignon sur rue et qui légitime le contenu aux yeux du grand public.

Prenons quelques exemples

business

L’arnaque au PDG 2.0

En mars dernier, une entreprise britannique du secteur de l’énergie s’est fait dérober 220.000 euros par l’entremise d’une voix synthétique, générée par un système d’intelligence artificielle, imitant la voix du patron. Il s’agit ici d’un deepfake audio, mais le principe reste le même.

La facilité de mise en oeuvre de cette escroquerie pourrait faire des émules, sans compter les risques liés aux technologies qui permettent d’ores et déjà de manipuler, en direct, le visage et la voix d’une personne qui participe à une vidéoconférence.

politique

Une tentative de coup d’Etat à la clé

Au Gabon, une vidéo de vœux du président Ali Bongo, destinée à rassurer la population sur son état de santé à la suite d’une attaque cardiaque, a mené à une tentative de coup d’Etat.

La vidéo en question a été identifiée par un leader de l’opposition comme étant un deepfake, accusant ainsi l’entourage du chef d’Etat de mentir sur sa capacité à diriger le pays. La vidéo n’a finalement pas pu être identifiée formellement comme un faux mais, malgré le démenti du camp présidentiel, le simple doute qu’elle puisse être un deepfake a poussé une partie de l’armée à tenter un coup d’Etat, une première depuis 1964. Une tentative qui a cependant avorté.

réputation

Le X à la pointe de la technologie

L’industrie pornographique n’a pas failli à sa réputation de précurseur en matière de nouvelles technologies. Comme cela avait été le cas pour la réalité augmentée et surtout la réalité virtuelle, les premiers cas concrets de deepfake ont été détectés sur des sites pornographiques.

En réalité, 96% des deepfakes recensées jusqu’ici sont des vidéos à caractère pornographiques. Le “revenge porn”, une pratique qui consiste à rendre publique une vidéo de relations sexuelles pour se venger, est friand de ce type de trucage.

© nieuwsblad.be

Le deepfake pornographique consiste à remplacer le visage d'un acteur ou d’une actrice X par le visage d’une célébrité, d’une connaissance ou d’une ex-compagne/ex-compagnon dans le but de nuire à sa réputation. La vidéo est ensuite massivement partagée sur les réseaux sociaux et les forums de discussion en ligne.

Une fois postées, les images sont copiées sur une galaxie de sites spécialisés, rendant leur suppression quasi impossible.

Au-delà des initiatives individuelles et malveillantes, c’est une véritable industrie qui est en train de voir le jour. Créateurs d’applications, sociétés de production audiovisuelle et start-ups, appâtés par le potentiel et la demande pour ce type de contenu, développent des outils qui permettent de choisir qui apparaît dans le film que l’on regarde.

La réponse des plateformes

Les réseaux sociaux sont en première ligne face à ce phénomène. Facebook en tête, les différentes plateformes tentent de trouver la parade. Facebook vient de lancer le «Deepfake Detection Challenge», en collaboration avec Amazon et Microsoft, pour améliorer la détection rapide de ce type de contenu.

Dans le cadre de cette opération, Facebook a créé plusieurs milliers de deepfakes pour tester de nouveaux logiciels de détection et améliorer leur performance. A l’image des photos retouchées qui sont maintenant facilement identifiables, on espère pouvoir développer le même type de marqueurs d’identification pour détecter rapidement et supprimer les vidéos des plateformes. Facebook a pris du retard et ne veut pas revivre l’épisode des fakenews qui ont proliféré lors de la campagne présidentielle de Trump en 2016.

Google s’est aussi récemment lancé dans la bataille des deepfakes. L’entreprise a mis en ligne le «Deep Fake Detection Dataset» qui contient plus de 3.000 vidéos manipulées ou non. Cet énorme jeu de données est à la disposition des chercheurs qui tentent de développer des outils automatisés de détection de vidéos truquées.

Un enjeu démocratique

Le fait de laisser la main à quelques géants technologiques pour contrer un phénomène global suscite de l’inquiétude. Dans ce cadre, un groupement franco-allemand baptisé JEDI (Joint European Disruptive Initiative) a décidé de rassembler différents organismes de recherche et des start-ups technologiques. Convaincu de la nécessité d’apporter une solution indépendante des plateformes de contenu, le groupement entend développer son propre logiciel anti-deepfake.

Certains États américains se sont également emparés de la problématique en décrétant les deepfakes illégales. C’est notamment le cas de la Virginie et du Texas. Chez nous, ce type de contenu pourrait tomber sous le coup d’une législation anti-manipulation.

Malheureusement, comme c’est généralement le cas en matière d’innovation technologique, le législateur a toujours un temps de retard. Ce sont au final les plateformes de diffusion qui vont devoir rapidement trouver des solutions car le phénomène prend de l’ampleur et n’est plus l’apanage des seuls initiés.

Wall Stweet

Entre coups de sang, critiques et annonces unilatérales, les tweets du président américain Donald Trump ont fait valser Wall Street tout au long de l’année.

Par Jennifer Nille

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Bourses

Trump tweete,
Wall Street valse

Donald Trump est le premier président américain à influencer directement les marchés financiers via son compte Twitter.

Sur ses 83 tweets hebdomadaires, en moyenne, certains ont animé Wall Street et secoué l’indice S&P 500.

La banque JPMorgan a même observé que Trump tweete le plus souvent quand les marchés vont déjà mal.

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22 janvier 2019

Une bataille avec les démocrates qui fait peur

En plein shutdown aux États-Unis, le président tweete une critique sur l’attitude des démocrates. Au coeur de cette crise: le financement d’un mur anti-immigration entre les États-Unis et le Mexique, que défend Donald Trump. L’indice S&P 500 perd 1,42% sur la séance.

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5 août 2019

Le bras de fer avec la Chine continue

Wall Street termine sur une baisse de près de 3% alors que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis s'enveniment. Le président américain accuse l’empire du Milieu de manipuler sa devise.

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14 août 2019

Craintes sur la santé économique américaine

Les bourses américaines terminent à nouveau sur un fort recul (de 2,93%) alors que les investisseurs craignent une récession aux États-Unis. Donald Trump demande à la Réserve fédérale américaine d’agir davantage, alors qu’elle vient d’abaisser son taux directeur.

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23 août 2109

Colère contre la Chine

Alors que la Chine a annoncé l’application de droits de douane sur les produits importés américains, Donald Trump tweete avec colère sa réaction et les marchés d’actions décrochent une nouvelle fois (-2,59%). Dans la foulée, Trump appelle les entreprises américaines à quitter la Chine et relève les taxes sur les produits chinois.

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1er octobre

Trump critique la Fed

Le président américain s’en prend à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Les marchés réagissent à nouveau négativement (-1,23%). Des traders soulignent que chaque critique de Trump sur la Fed fait baisser les anticipations de baisse de taux d’intérêt.

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10 octobre

Calumet de la paix avec la Chine

Le président Trump annonce son intention de rencontrer le vice-Premier ministre chinois à la Maison-Blanche. Les marchés repartent à la hausse (+0,64%).

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3 décembre 2019

Le Brésil et l’Argentine menacés

Donald Trump annonce le retour de droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Brésil et d'Argentine. Une réponse à la “dévaluation massive de leur monnaie” qui pénalise les agriculteurs américains, a-t-il justifié. Parallèlement, il crée des secousses en Europe avec une riposte face à la taxe Gafa.

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Les tweets de Donald Trump ont un tel impact sur les marchés que des analystes ont consacré des études sur le sujet. Les investisseurs professionnels sont déstabilisés par la présence digitale de Trump. JPMorgan a même créé un indice baptisé “Volfefe” pour mesurer l’impact des tweets du président américain sur la volatilité des actions du S&P500.

La banque a notamment observé que 146 tweets du président ont fait bouger les marchés en 2018 et 2019. Soit en moyenne une surprise du chef toutes les semaines...

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Plus loin

Ils ont appelé au changement et leurs prises de position ont agité la politique, l'économie, le monde de l'entreprise ou celui des idées.

Par Paul Gérard

© Jonas Lampens
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Invitations à activer les neurones

Ils ont été plus d’un, en 2019, à nous inviter à prendre du recul, à l’écart des autoroutes de l’info toujours bruyantes et encombrées. Chacun à sa manière, l’entrepreneur, l’historien, le démographe, l’économiste ou encore le philosophe nous disent: tu n’es pas obligé de subir les événements, le nez dans le guidon. Ils nous invitent à reprendre notre destin en mains, en commençant par prendre le temps de la réflexion. Morceaux choisis.

Economie
“L’économie est là pour nous faire vivre et nous rendre service, elle n’est pas là pour nous dicter sa loi.”
Jacques Crahay, président de l’Union wallonne des entreprises (UWE),
28 septembre 2019
© Jonas Lampens

Jamais un président de l’Union wallonne des entreprises n’a parlé comme lui. En septembre, Jacques Crahay jette un gros pavé dans la mare en appelant le monde de l’entreprise à sortir de la pensée classique.

“On ne peut plus continuer sur le modèle d’une croissance sans limite alors que les ressources sont limitées. Les patrons le savent mais ils ne veulent pas en parler parce que cela met leur business à mal.” S’en est suivi une rare polémique qui a bien failli lui coûter sa place. Mais Jacques Crahay est toujours là et ses réflexions se sont invitées dans le monde patronal wallon.

Voici l'interview qui a secoué le monde de l'entreprise wallon: "Notre modèle économique est dans l'impasse, il faut le changer"

Politique
“Ce pays a besoin d’ambition.”
Carte blanche de 20 patrons au monde politique
4 mai 2019

Dans une carte blanche, de nombreuses figures patronales flamandes et francophones (Luc Bertrand, Rodolphe Collinet, Wouter De Geest, Bernard Delvaux, Eric Domb, Michèle Sioen, Johnny Thijs, etc.) déplorent l’absence de vision à long terme sur une série de thèmes pourtant prioritaires: immigration, mobilité, énergie, etc.

On est à la veille du triple scrutin électoral du 26 mai. Ils interpellent ici les partis politiques: cette vision du futur, faites-en votre priorité!

A votre avis, leur appel a-t-il pris la moindre ride depuis lors?

Lire la carte blanche: L'appel de 20 patrons au monde politique: "Ce pays a besoin d'une ambition"

Politique
"La Wallonie doit arrêter de fonctionner comme un guichet."
Philippe Destatte, historien et prospectiviste,
14 septembre 2019
© Anthony Dehez

À la tête du centre d’études Jules Destrée spécialisé dans la prospective, Philippe Destatte passe au crible l’économie wallonne. Quitte à déplaire. “Les moyens budgétaires de la Région wallonne permettent de faire beaucoup de choses pour autant qu’on quitte les logiques de clientélisme”, assène-t-il.

Il a la critique dure mais constructive. “En quittant cette logique de guichet et en étant dans une logique de stratégie, on va redresser la Wallonie. Il faut mettre l’argent là où il est nécessaire.

Découvrez les autres remèdes prescrits par Philippe Destatte: "La Wallonie doit arrêter de fonctionner comme un guichet" (Philippe Destatte)

Migration
"La ruée migratoire vers l'Europe, c'est un grand fantasme."
Hervé Le Bras, démographe,
27 avril 2019
© Antonin Weber / Hans Lucas

“Le problème est que depuis plusieurs années, les politiques migratoires se basent non pas sur les chiffres réels mais sur la perception que la population se fait du phénomène.”

Selon Hervé Le Bras, démographe et historien, “l’immigration est un domaine où les fake news prospèrent depuis longtemps”. Attaché à la rigueur des chiffres, il estime notamment qu’”il n’y aura pas de ruée migratoire vers l’Europe”.

L’auteur de “Malaise dans l'identité” nous explique pourquoi: Hervé Le Bras: "La ruée migratoire vers l'Europe, c'est un grand fantasme"

Economie
"Les taux négatifs ne peuvent devenir un état permanent."
Peter Praet, ancien directeur de la BCE,
25 octobre 2019
© 2019 European Central Bank

L’ancien chef économiste de la BCE nous parle de Mario Draghi et de Christine Lagarde, la seconde ayant succédé au premier à la tête de la Banque centrale européenne. Il évoque surtout le malaise grandissant des banquiers centraux face à la situation actuelle. “Les politiques n’ont pas encore suffisamment compris l’urgence de la situation. La politique monétaire ne peut pas tout résoudre à elle seule.

Il précise: “Les États doivent se doter de programmes ambitieux d’investissements publics ou de soutien à l’investissement privé.” Selon Peter Praet en tout cas, la politique des taux négatifs, un temps justifiée, “n’est pas tenable politiquement et socialement”.

Entrez dans les coulisses de la BCE avec Peter Praet: Peter Praet: "Les taux négatifs ne peuvent devenir un état permanent"

Idées
“Il faut régénérer la pensée politique.”
Edgar Morin, philosophe et sociologue,
2 novembre 2019
© Belga

A 98 ans, Edgar Morin revient sur les tendances de notre temps. Le philosophe et sociologue pointe notamment “un vide de pensée politique”. “Les partis de gauche sont en miettes et la droite est en crise. Ne subsiste aujourd’hui qu’un conglomérat d’idées sans substrat solide. Il faut régénérer la pensée politique.

Il constate aussi que “toutes les angoisses contemporaines ont tendance à nous enfermer dans de plus petits cercles, plutôt que de nous faire prendre conscience de l’existence d’une grande communauté humaine.

Voici comment Edgar Morin décode notre temps: Edgar Morin: "On a une Europe squelettique, sans âme, inhumaine"

Idées
"Apprendre ne suffit plus. Il faut apprendre à comprendre."
Pascal Boniface, géopolitologue,
29 janvier 2019
© Belga

Face à la tentation du simplisme et à la pensée binaire, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques invite à garder et à cultiver le temps de la réflexion.

Pas facile alors que “le temps va de plus en plus vite”, admet Pascal Boniface. “L’idéal serait de donner à chaque citoyen les moyens de développer son esprit critique. Une ambition qui concerne donc au premier chef les enseignants, les journalistes, les politiques…”

Prenez du recul avec Pascal Boniface: "Apprendre ne suffit plus. Il faut apprendre à comprendre"

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