Capitalisation boursière en millions d'euros | Source: Bloomberg


Nyrstar ou l’histoire d’un échec boursier

Découvrez les phases les plus importantes de l’histoire de Nyrstar à travers l'évolution de sa capitalisation boursière. En parcourant l’écran vers le bas, la période en question s’affiche sur la ligne du temps.

Par Jehan Goffin, Développement: B. Verboogen & R. Cockx | Edition: C. Bacq

2007

L’aventure boursière de Nyrstar débute

Le 15 octobre 2007, l’entreprise née quelques mois plus tôt de la fusion des activités zinc du belge Umicore avec celles de l’australien Zinifex fait son entrée à la Bourse de Bruxelles au prix de 20 euros par action.

Un prix «tout à fait raisonnable» selon les commentateurs de l’époque. Et pourtant… En un mois à peine, le titre perd près de 20%.

Une chute provoquée par la fonte du prix du zinc et qui sera un avant-goût des mésaventures de l’année suivante.

2008

Crise financière et économique

Nyrstar n’est pas épargné, même si cela avait plus ou mois bien commencé. Tombée à 13 euros, l’action est pressentie pour entrer dans le Bel 20 qui, à l’époque, était orphelin d’une valeur.

Ce sera chose faite début mars. Nyrstar accède alors à la 16e place de l’indice bruxellois, devant Omega Pharma, Cofinimmo, Bekaert et Agfa-Gevaert. Mais la fête n’est que de courte durée. Au bout de six mois de cotation, Nyrstar enregistre déjà un plongeon de 35% en Bourse…

2009

Année charnière

La descente aux enfers continue et Nyrstar est obligé de quitter le Bel 20 début 2009. Va alors s’opérer un changement radical. Paul Fowler, son CEO de l’époque, annonce sa démission le 16 février.

Il sera remplacé par l’ancien CEO d’ArcelorMittal, Roland Junck. Lequel assainira le bilan du groupe en coupant dans les effectifs et modifiera complètement son business model. C’est la renaissance pour Nyrstar.

Elle émet alors une première émission obligataire de 120 millions d’euros. Et ça marche! Aidée également par la remontée du prix du zinc, la société reprend des couleurs et cela se voit en Bourse. En 2009, l’action signe la meilleure performance (+280,8%!) de la Bourse de Bruxelles et est citée parmi les cinq valeurs favorites des analystes pour l’année suivante.

2010 - 2011

Croissance

Nyrstar continue à réaliser des acquisitions à travers le monde, financées par des lignes de crédit, des émissions obligataires et même une première augmentation de capital. Les investisseurs y croient à fond et l’entreprise récolte 525 millions d’euros. Sommet de la consécration: l’action réintègre le Bel 20 en juin 2011.

Nyrstar vaut alors 1,6 milliard d’euros. Et même si elle voit son bénéfice passer dans le rouge cette année-là, l’entreprise continue d’investir massivement. Naissent également les premières rumeurs de rachat.

2012 - 2013

Les démons reviennent hanter Nyrstar

L’assombrissement du climat économique pèse sur ses revenus. L’entreprise doit à nouveau licencier pour garder la tête hors de l’eau. En Bourse, l’action retombe sous les 4 euros et doit quitter l’indice paneuropéen Stoxx 600.

Début 2013, elle sort du Bel 20. C’est également à ce moment-là que Glencore annonce la fin de son partenariat en raison du rachat du groupe minier Xstrata. Nyrstar doit se trouver un nouveau partenaire, qui sera le groupe hongkongais Noble. Elle en profite pour réinvestir dans ses fonderies et donner au Port Pirie une seconde jeunesse.

2014

Reprise

Les activités minières commencent à montrer des signes d’essoufflement alors que l’entreprise y a investi 738 millions d'euros en quatre ans. Nyrstar cherche à se diversifier et mise sur l'indium.

Les déboires financières de son partenaire finlandais Talvivaara pèsent aussi sur la confiance des investisseurs. Le titre flirte avec les 2 euros au moment où l’on découvre que la facture pour Port Pirie est plus salée que prévu. Mi-2014, sa dette dépasse les 650 millions d’euros. Mais Nyrstar profite d’une remontée du prix du zinc et de son action pour lever 600 millions via une augmentation de capital et une offre d’obligations. C’est aussi à cet époque que Trafigura fait son entrée comme premier actionnaire. Le 26 novembre 2014, Roland Junck est limogé.

2015

Nouveau CEO

Nyrstar commence à vendre ses mines «à problème» tandis que Trafigura fait son entrée au sein du conseil d’administration. Ce qui relance les rumeurs d’OPA.

13 juillet 2015, l’entreprise présente son nouveau CEO, Bill Scotting. Un ancien responsable d’ArcelorMittal… Quelques mois plus tard, l’agence de notation S&P commence à craindre une crise de liquidités.

À la fin du troisième trimestre, son endettement atteint 841 millions d'euros. Une augmentation de capital est lancée, à laquelle participe Trafigura. L’action perd 45% cette année-là et finit à 1,50 euro.

2016 - 2017

Dette record

Alors qu’elle a passé plusieurs années à acheter des mines, elle débute 2016 avec l’intention d’en revendre une grande partie. Son augmentation de capital est finalement lancée au prix de 0,45 euro. Ce qui lui permet de récolter 270 millions.

En décembre 2016, l’entreprise change à nouveau de CEO. Bill Scotting est remplacé par Hilmar Rode. Le redéploiement du site australien de Port Pirie est encore reporté, ce qui plombe l’action. Elle tombe sous la barre de 7 euros.

De son côté, la dette du groupe continue de gonfler alors que ses revenus décroissent. Elle dépasse maintenant le milliard d’euros. Nyrstar lèvera 100 millions d'euros au travers d'un placement privé fin 2017.

2018 - 2019

Descente aux enfers

Alors que les analystes attendaient une sixième perte annuelle consécutive, Nyrstar affiche enfin un léger bénéfice pour l’exercice 2017. Mais les investisseurs n’y croient plus… .

La dette gonfle encore et atteint 1,5 milliard d’euros. En juin 2018, ABN Amro sort une note dans laquelle la banque affirme que le marché sous-estime le niveau réel de la dette de Nyrstar. Deux mois plus tard, elle indique viser 1 euro pour l’action. Puis 0,01 euro en novembre 2018. C’est la descente aux enfers en Bourse à nouveau.

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