Bruxelles mérite un métro rationnel
Le réseau actuel compte 59 stations, quarante ans après sa mise en service. D'ici un quart de siècle, 89 stations pourraient s’y ajouter. Une folie irréaliste? Pas tant que cela…
Edition: Nicolas Becquet - Illustrations: Filip Ysenbaert et Maarten Lambrechts - Technique: Raphael Cockx
Si un quelconque organisme se piquait de décerner le trophée du métro le plus idiot de la planète, Bruxelles l’emporterait haut la main. Officiellement, le réseau se targue de quatre lignes. Dont deux épousent la totalité ou la majorité du trajet des deux autres… Bref, le métro de la capitale n’en comporte en réalité que deux et demi. Un métro non seulement idiot mais rachitique aussi. Du moins si l’on considère son âge (40 ans) et les besoins de la métropole. Des besoins assez simples: Bruxelles figure parmi les villes les plus embouteillées du monde. Le coût de cette immobilité a été estimé par le patronat bruxellois à un demi-milliard d’euros par an.
Au cours des quinze dernières années, les autorités de la capitale ont privilégié des solutions de "surface" (tram, bus). Sans succès puisque, au contraire, la cité n’a cessé de s’ankyloser. Comment procéder? Au début des années nonante, Madrid s’est donné l’ambition de mettre tous ses habitants à 600 mètres maximum d’une station de métro. En une décennie, le réseau madrilène est ainsi passé de 115 km à près de 295 km. Le même exercice a été imaginé par nos soins pour Bruxelles (voir carte). Le projet que nous avons développé comporte trois phases.
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1. Rationaliser les "quatre lignes" existantes et réaliser les projets prévus
Ces lignes sont transformées en quatre véritables lignes via des modifications de tracés et des extensions (elles correspondent aux lignes 1, 2, 3 et 6 sur la carte).
La Région bruxelloise a lancé l’extension vers le nord et la transformation en "métro lourd" de l’axe de prémétro nord-sud qui passe sous les boulevards du cœur historique de la cité. Ce projet est intégré dans le plan et est même complété par l’extension, aujourd’hui étudiée et envisagée, de la ligne vers le sud (ligne 3 sur le plan).
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2. Créer de nouvelles lignes
La phase précédente débouche sur un réseau comportant quatre lignes. De nombreux quartiers demeurent toutefois encore non desservis. Quatre lignes supplémentaires (lignes 4, 5, 7 et 8) viennent donc compléter le réseau pour assurer une couverture plus optimale.
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Ces extensions ont été pensées afin de répondre à ce besoin de couverture mais également pour être complémentaires au réseau de RER qui devrait (un jour) relier Bruxelles et ses banlieues. Un réseau RER qui comportera de nombreux arrêts internes à la capitale et permettra de compléter le réseau de métro.
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Un réseau plus efficace? La preuve par l'exemple
Trajet n°1 - Robert, 66 ans, retraité, vit à Neder-over-Hembeek et va chercher ses petits-enfants qui vont à l’école à Uccle.
Trajet n°2 - Hakim, étudiant, habite rue Marconi à Forest et se rend à l’ULB.
Trajet n°3 - Rupert, député européen, a rendez-vous pour un déjeuner place Rouppe. Il quitte le Parlement européen à 12h05.
Comment financer le projet?
Aujourd’hui, le métro et le prémétro totalisent quelque 55 km de lignes (40 km pour le seul métro "lourd"). Le projet consiste à le doter de 80 km de nouvelles lignes. Le bureau d’ingénierie Stratec, spécialisé dans les plans de mobilité, a évalué cette extension du réseau. La facture s’élève à 12,09 milliards d’euros. Dont 8,6 milliards pour les infrastructures, 800 millions pour les rames et 2,7 milliards pour les stations.
L’an dernier, la Région bruxelloise a adopté un plan d’investissements de 5,2 milliards sur dix ans pour les transports en commun. En étalant le projet du nouveau métro sur vingt-cinq ans, soit une finalisation à l’horizon 2040, l’investissement avoisinerait donc 480 millions d’euros par an. Et n’est pas, en regard des montants existants, exorbitant. Voici donc un métro rationnel et tout à fait réalisable...