En clair

Tout ce qu’il faut savoir pour investir dans les actions à dividendes

A l’heure, où les produits financiers tels que la dette émise par les Etats dans le monde, les bons d’Etat belges ou les simples bons de caisse ne rapportent plus grand-chose, le dividende constitue plus que jamais une thématique qu’il sied de ne pas négliger dans la gestion d’un portefeuille. .

Par Marc Collet | 6 septembre 2019

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Les questions

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Qu’est-ce qu’un “dividende”?

Le dividende est la rémunération des actionnaires d’une société. Il se concrétise habituellement par le versement d’une partie des bénéfices aux détenteurs d’actions. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un versement en cash.

Il peut arriver que des sociétés qui souhaitent conserver le cash dans leur bilan, afin de le renforcer, préfèrent attribuer un dividende en actions. On parle dans ce cas d’un dividende optionnel.

Lors d’un exercice peu performant au niveau du résultat, une société peut aussi décider de recourir à sa réserve de cash. Ce qui lui évitera de devoir réduire le montant du dividende voire, comme on dit dans le jargon boursier, de le passer (supprimer).

Enfin, il peut arriver qu’une société qui estime détenir une trésorerie trop riche, et qui ne trouve pas d’opportunité d’investissement, verse un dividende exceptionnel. La vente de ses activités à Hong Kong en 2016 avait ainsi permis à Ageas de verser un dividende extraordinaire de 0,40 euro à ses actionnaires.

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Quel est l'intérêt des dividendes?

A l’heure, où les produits financiers tels que la dette émise par les Etats dans le monde, les bons d’Etat belges ou les simples bons de caisse ne rapportent plus grand-chose, le dividende constitue plus que jamais une thématique qu’il sied de ne pas négliger dans la gestion d’un portefeuille. Surtout qu’il est acquis qu’à long terme, les dividendes perçus peuvent représenter plus de la moitié du gain total (return) enregistré sur un investissement en actions.

Les actions qui cotent à la Bourse de Bruxelles affichent des rendements qui varient entre 2 et 5%.

Pour celui qui souhaite à tout prix bénéficier de rendement pour son épargne, au moins pour faire face à l’inflation, la bourse devient donc un passage obligé. Sur la base du seul dividende versé, les actions qui cotent à la Bourse de Bruxelles affichent des rendements qui varient entre 2 et 5%, voire davantage dans certains cas.

Attention toutefois, ce n’est pas parce qu’une action offre un tel rendement qu’elle est d’emblée censée intégrer un portefeuille d’investissement. Le montant d’un dividende peut être relevé année après année. Mais il peut aussi être réduit, voire être tout simplement annulé. Cela fait partie des risques inhérents aux actions.

Nous verrons plus loin le type d’actions que les investisseurs auraient intérêt à privilégier pour éviter au maximum ce genre de désagrément et s’assurer ainsi d’un rendement annuel.

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Qu’est-ce qu’un acompte et un solde du dividende?

D’ordinaire, les dividendes sont payés en une seule fois. La plupart d’entre eux sont versés aux actionnaires entre les mois d’avril et de juin à la Bourse de Bruxelles.

Une poignée de sociétés choisissent cependant de payer les dividendes en deux parties. C’est le cas, notamment, de Proximus, Umicore, Solvay, AB InBev, KBC et ING. Umicore attribue depuis le 23 août dernier ce qu’on appelle un dividende intérimaire. Il représente un acompte sur les bénéfices de l’exercice 2019. Le solde sera versé au printemps prochain.

Notons encore le cas particulier d’Aperam à la Bourse de Bruxelles. La société active dans la production d’inox distribue son dividende à un rythme trimestriel.

Le jour du détachement d’un dividende, on dit que l’action cote «ex-coupon». Ce coupon est généralement payé aux actionnaires deux jours ouvrables plus tard.

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Comment calculer son rendement sur le dividende par action?

Pour obtenir ce rendement, il suffit de diviser le montant du dividende par le cours de l’action. Et de multiplier ensuite ce résultat par 100 afin d’obtenir le rendement en pour-cent.

Par exemple: Une action cote 1.000 euros et offre un dividende de 5 euros.
Le rendement en pour-cent sera de (5:1.000)X100, soit 0,5%.

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Qu’est-ce que le return d’une action?

Le return permet d’évaluer la performance totale d’une action en bourse sur une période déterminée. Pour le calculer, on prend en compte l’évolution du cours de l’action sur une période sélectionnée, à laquelle on ajoute le montant du dividende attribué.

Le return sur un an de l’action D’Ieteren s’élève à 16%. Pour obtenir ce résultat, on soustrait du cours actuel de cette action, le cours d’il y a un an. Au résultat obtenu, on ajoute le montant du dividende. Soit (44,90 euros - 39,58 euros) + 1 euro brut. Ce qui donne un return positif de 6,32 euros (ou 16%).

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Qu’est ce que le taux de distribution?

C’est la part du bénéfice engrangé par une société qui est vouée aux actionnaires au titre de dividende. Sur les 384 millions d’euros de profits qu’il a réalisés lors de son exercice 2018-2019, Colruyt distribuera à la fin de ce mois 47% de ce montant pour rémunérer ses actionnaires.

Colruyt distribuera 47% de ses bénéfices à ses actionnaires en 2019.

En conservant les autres 53% dans sa trésorerie, le distributeur s’offre des moyens pour, par exemple, financer ses investissements futurs ou faire face à d’éventuels exercices plus compliqués sans, pour autant, devoir réduire son dividende.

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Qu’est ce que le rachat d’actions propres?

Les programmes de rachats d’actions propres - les sociétés rachètent en bourse leurs propres titres - n’ont a priori pas grand-chose à voir avec le dividende. Sauf qu’ils peuvent avoir un impact positif sur le montant des dividendes futurs.

Du fait de la réduction du nombre d’actions en circulation sur les marchés, le bénéfice d’une entreprise est à partager entre un nombre plus restreint d’actions. Les actionnaires peuvent donc espérer un montant plus élevé pour le dividende.

Prudence toutefois, ces actions rachetées, qui servent souvent à alimenter des plans d’options destinés aux cadres d’une société, sont susceptibles de réapparaître à terme en bourse. Et de faire remonter donc le nombre d’actions.

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Comment faire ma propre sélection?

Selon des calculs effectués par Bloomberg, les 20 sociétés qui composent l’indice Bel 20 affichent un rendement brut de 3,8% en moyenne. Sept sociétés de cet indice offrent actuellement un rendement supérieur à la moyenne. Il s’agit de Telenet, Aperam, ING, KBC, Proximus, Ageas et Solvay.

Doit-on pour autant privilégier ces actions dans son portefeuille? Des nuances s’imposent. Il faut savoir, par exemple, que dans le cas de Telenet, dont l’action affiche un rendement fabuleux de 12%, le groupe ne s’est toujours pas prononcé sur le versement d’un dividende pour son exercice 2018. En outre, l’an passé, il avait eu recours à de la dette pour financer la rémunération de ses actionnaires.

Concernant Aperam, qui a pour principe de ne distribuer qu’un certain pourcentage de ses profits, le dividende avait été réduit en raison de la baisse de ses résultats.

Proximus fait partie des sept sociétés du Bel20 qui offrent un rendement supérieur à la moyenne.

Le cas de Proximus (rendement brut de 5,7%) peut être considéré comme sensible dans la mesure où l’opérateur télécom distribue quasi tous ses profits. Mais ses dirigeants viennent de confirmer que le montant du dividende afférant à l’exercice 2019 ne sera pas modifié. On peut, en outre, raisonnablement estimer qu’il en sera de même pour l’exercice suivant.

En revanche, ce ne sera pas le cas de Bpost qui vient de quitter le Bel 20. Ce titre affiche un rendement brut de 13%! Mais, alors que les résultats du groupe postal sont attendus en nette baisse cette année, il est quasi acquis que le montant de son dividende sera largement écorné. Cela parce que le taux de distribution de ses profits approche les 100%.

Quant aux valeurs bancaires, les taux d’intérêt actuellement bas qui mettent sous pression leurs résultats, conjugués à une activité économique en ralentissement, font planer des doutes sur la possibilité des banquiers à maintenir le niveau actuel de leurs dividendes dans les années à venir.

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Quelles actions dois-je privilégier ?

Pour ce qui concerne Solvay, le rendement élevé de son action fait suite au ralentissement économique qui a induit une baisse du cours de son action et a donc gonflé son rendement dividendaire (comme pour Aperam). Pour autant, le montant de son dividende ne devrait pas être remis en question. Quels que soient les cycles économiques, le groupe a toujours démontré sa capacité à le rehausser. Cela a été le cas au moins au cours de ces 30 dernières années.

Umicore est un autre bel exemple. Grâce, notamment, à un dividende également en hausse constante (de 520% entre 2000 et aujourd’hui), l’action a réalisé un fabuleux parcours en bourse. Son return s’élève à 1.240% (cours + dividendes réinvestis dans les actions de la société) selon des données fournies par Bloomberg!

Le return de l'action Umicore
s'élève à 1.240%

Depuis qu’Ageas (ex-Fortis) a recommencé à rémunérer ses actionnaires en 2009, le montant de son dividende a grimpé de 175%. Une performance qui a permis à son action d’également engranger un joli return de 760%!

Comme beaucoup de sociétés du Bel 20 - dont KBC, Colruyt, Solvay, UCB, AvH et à nouveau AB InBev depuis sa décision de réduire de 50% son dividende l’an dernier -, Ageas ne distribue à ses actionnaires qu’à peine 50% de ses profits.

L’assureur thésaurise en vue de financer d’éventuels nouveaux projets d’investissements. Mais, il mène aussi, depuis quelques années, un programme de rachats de ses propres actions destinées à être annulées. Tout cela a pour conséquence de gonfler le cours de son action qui, malgré tout, offre encore un rendement appréciable de 4,6% de nos jours.

Autre valeur à ne pas devoir rougir de ses performances, Colruyt a, excepté en 2014 et en 2015, toujours relevé le montant de son dividende depuis 2000. Il a progressé de 809% ! Cela a aidé son action d’enregistrer un return de 520% sur cette période. Petit bémol, c’est entre 2000 et 2009 que l’action s’est le mieux comportée. L’explication tient au fait que la croissance de son dividende -inflation modérée oblige- a ralenti ces 10 dernières années.

On peut en dire autant de GBL qui depuis 2012 a mis l’accent sur l’investissement, plutôt que de gâter ses actionnaires.

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Quels dividendes ont connu la plus forte croissance?

La morale de l’histoire, c’est qu’il faut privilégier les actions de sociétés qui ne distribuent qu’une (petite) part de leurs bénéfices aux actionnaires, et dont la croissance des dividendes a été la plus sensible ces dernières années. En espérant, bien entendu, qu’il en soit encore ainsi dans le futur.

Dans le Bel 20, WDP en constitue l’exemple le plus criant. L’accélération de la hausse de son dividende ces dix dernières années (+664% entre 2009 et 2019!) a permis à son action d’enregistrer un return incroyable de 2.530% depuis 2000!

Les exemples fourmillent du côté des petites et moyennes valeurs belges. En tête, il y a bien entendu Lotus Bakeries qui vient de s’offrir le luxe de relever de 50% le montant de son dividende pour l’exercice 2018. Miko, Kinepolis, Sioen, Melexis, Resilux, Jensen-Group sont quelques autres champions dans cette catégorie.

Quand on vous disait que le dividende compte pour une bonne part dans le return d’une action...

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