En clair

Bitcoin, mode d'emploi

Par Pieter Suy

Après une montée vertigineuse en fin d’année dernière où la monnaie virtuelle avait franchi le cap symbolique des 20.000 dollars, le bitcoin a depuis perdu plus de la moitié de sa valeur de l’époque et dépasse aujourd’hui à peine les 9.000 dollars. L'Echo fait le point sur le fonctionnement, les opportunités et les risques du bitcoin.

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Questions - réponses

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Qu’est-ce qu’un bitcoin?

Le bitcoin est une monnaie virtuelle, en d’autres termes, une sorte de code informatique auquel les gens attribuent une certaine valeur. Contrairement à l’euro, au dollar et aux autres devises « traditionnelles », le bitcoin physique n’existe pas. Vous ne pouvez donc pas en avoir dans votre porte-monnaie.

Il a été inventé en 2008 par un certain Satoshi Nakamoto, un programmeur (ou un groupe de programmeurs) dont personne ne connaît la véritable identité. En 2008, il a rédigé un livre blanc dans lequel il expliquait tous les principes de base du bitcoin. La première véritable transaction en bitcoins a eu lieu un an plus tard. D’après la légende, 10.000 bitcoins auraient été mis sur la table pour payer une pizza.

Contrairement aux devises classiques, le bitcoin n’est pas émis par une banque centrale. Il a été créé comme moyen de rétribution pour les utilisateurs qui contribuent à vérifier, enregistrer et sécuriser les codes informatiques sur un système décentralisé auquel tout le monde a accès: la blockchain. Chaque bloc accepté est rémunéré par des bitcoins nouvellement générés: en jargon, le « bitcoin mining ».

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Qu’est-ce qui explique la forte hausse du bitcoin?

La récente popularité du bitcoin s’explique par plusieurs raisons. Suite à la longue période de taux bas que nous connaissons, de plus en plus d’investisseurs sont prêts à tenter leur chance avec une devise alternative, certes plus risquée, mais avec un meilleur potentiel en termes de bénéfices. Le monde financier « classique » – banques et maisons de Bourses – commence aussi à s’y intéresser.

Dernière mise à jour le 24 juin 2019

L’opérateur boursier CME a récemment annoncé qu’il comptait lancer des produits dérivés liés au bitcoin. Et son concurrent Nasdaq lorgne également le marché du bitcoin et travaille à des projets similaires. Si ces produits voient le jour – les autorités de contrôle doivent encore donner leur feu vert, aux Etats-Unis les contrats à terme ont été autorisés – ce sera une révolution, car cela voudra dire que l’ensemble de la communauté des investisseurs pourra réellement commencer à travailler avec le bitcoin.

Autre raison de cette hausse: la loi de l’offre et de la demande. Lorsqu’il y a près de dix ans, Satoshi Nakamoto a imaginé le bitcoin, il a également fixé un plafond de 21 millions pour sa devise numérique. Aujourd’hui, le compteur indique déjà 16,7 millions. Avec l’augmentation de l’intérêt pour cette devise, un sentiment de rareté est en train de s’installer, ce qui fait encore monter le cours.

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Y a-t-il un risque de bulle spéculative?

Après une hausse de 1.000% depuis le début de l’année, on ne peut que constater l’immense popularité du bitcoin. Lorsqu’il a franchi le cap de 10.000 dollars, la valeur totale de marché de la devise était supérieure à celle du groupe américain d’informatique IBM, qui existe depuis 106 ans et qui emploie 386.000 personnes dans le monde.

L’avenir du bitcoin n’en reste pas moins très incertain. Même si tout a commencé avec le paiement d’une pizza, le bitcoin est encore loin de pouvoir être utilisé comme moyen de paiement universel. La technologie de la blockchain qui supporte la monnaie virtuelle n’est toujours pas apte à traiter rapidement un nombre important de transactions. C’est pourquoi il faut parfois attendre plusieurs minutes pour clôturer une simple transaction en bitcoins, comme payer une tasse de café. Par ailleurs, la grande volatilité du bitcoin – qui peut gagner ou perdre 10% de sa valeur en un jour – n’en fait pas un moyen de paiement particulièrement attrayant.

Même si les fans de la première heure continuent à affirmer que le bitcoin pourrait à terme devenir un moyen de paiement – moyennant quelques ajustements – la devise semble être avant tout sous l’emprise d’investisseurs qui spéculent sur une hausse du cours. Et aussi longtemps qu’ils seront convaincus qu’il existe d’autres personnes prêtes à payer davantage pour un bitcoin, le prix continuera à grimper.

Clairement, cette devise n’est pas destinée à tout le monde. Les bitcoins ne sont pas régulés par les autorités, donc si vous êtes piraté ou en cas de forte baisse du cours, vos avoirs ne sont pas garantis. L’investisseur Tuur Demeester estime qu’à terme, le bitcoin pourrait atteindre 100.000 dollars. « Mais il est tout aussi possible que la devise perde tout d’un coup 80% de sa valeur », prévient-il.

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Comment acheter et vendre des bitcoins?

Il existe deux façons d’obtenir des bitcoins: tout d’abord, en les émettant (« bitcoin mining » ou minage) ou en les achetant via une plate-forme de négoce. Ceux qui émettent des bitcoins vérifient un certain nombre de transactions pendant une période donnée en exécutant une série de calculs compliqués. En échange, ils reçoivent des bitcoins. Il y a quelques années, on pouvait générer des bitcoins avec un simple ordinateur.

Mais les calculs se sont tellement complexifiés qu’il faut désormais disposer d’une énorme puissance de calcul pour y arriver. A tel point que les volumes produits sont aujourd’hui aux mains d’un groupe limité d’acteurs qui disposent de cette puissance informatique. On ne sait pas grand-chose de ces acteurs, ce qui rend le négoce des bitcoins peu transparent pour les investisseurs lambda.

Quatre étapes à suivre pour investir dans le bitcoin

Ceux qui souhaitent réaliser des transactions en bitcoins peuvent le faire via les grandes plates-formes de négoce comme Coinbase ou Kraken.

Pour acheter ou vendre des bitcoins, ils ont besoin d’un « wallet », en d’autres termes, d’un portefeuille distinct pour bitcoins. C’est important s’ils veulent éviter d’être les victimes de piratage. Il ne faut pas oublier que les bitcoins ne sont pas régulés et que les victimes de vols ont peu de chance de récupérer leur mise. Les « hardware wallets » sont surtout considérés comme une manière sûre de conserver ses bitcoins, comme une variante du lecteur de carte bancaire. Des marques connues de porte-monnaie pour devises virtuelles sont entre autres Trezor et Keepkey.

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Mon argent est-il en sécurité si j’investis en bitcoins?

Ceux qui investissent en bitcoins et dans d’autres monnaies virtuelles doivent savoir que cela équivaut à se lancer sur des montagnes russes sans ceinture de sécurité. Car la volatilité n’est pas le seul risque lié à la devise virtuelle.

Vu qu’il n’est pas émis par une banque centrale ou un émetteur reconnu d’argent électronique, le bitcoin ne fait l’objet d’aucune supervision. Certains investisseurs voient cette situation comme un avantage. Mais ceux qui s’y risquent doivent savoir qu’ils peuvent tout perdre si quelque-chose tourne mal. Y compris en cas de piratage du portefeuille numérique (où les bitcoins sont stockés) ou du compte ouvert sur la plate-forme. Vous n’aurez aucun recours.

Ces dernières années, de nombreuses autorités de contrôle, dont la FSMA et la Banque Nationale en Belgique, ont mis en garde les investisseurs, leur rappelant qu’ils pouvaient tout perdre dans le pire des cas. En novembre de cette année, les autorités de contrôle européennes ont encore souligné la nécessité d’être prudent avec les ICO (Initial Coin Offering), les autres devises virtuelles ayant été émises dans la foulée du bitcoin. En effet, de nombreux escrocs se cachent parmi les acteurs qui émettent des nouvelles devises via ces ICO.

Poursuivre la lecture: Lancement réussi pour les premiers contrats à terme sur le bitcoin